
Jan-Willem Smeyers (39 ans) : « Si vous optez pour un arrangement tel que le nesting, vous devez être prêt à faire des compromis. » Lui et son ex-compagne ont appliqué pendant 3 ans la forme de garde alternée où ce ne sont pas les enfants qui changent de maison toutes les semaines, mais les parents.
« Lorsque les choses ont commencé à aller moins bien entre mon ex-compagne et moi, elle a proposé que nous prenions un peu de distance. Chaque semaine, nous devions passer du temps, séparément, avec les enfants dans la maison familiale. La semaine où nous n’avions pas les enfants, on cherchait chacun un autre toit », explique Jan-Willem. « Nous avons fonctionné ainsi pendant toutes les vacances d’été, ensuite mon ex-compagne a tranché pour une séparation effective. Vu que nous nous étions entre-temps habitués au système de nesting, nous avons continué comme ça. Nous trouvions aussi les enfants encore trop petits pour déménager chaque semaine : ils n’avaient alors que 2 et 4 ans. Par ailleurs, aucun de nous ne voulait quitter la maison dans laquelle nous avions vécu des années. »
Système de points
« Nous voulions rendre la situation aussi simple que possible pour nos enfants. C’est pourquoi nous n’avons à vrai dire jamais envisagé un autre système de garde alternée. Nous avions décidé de nous séparer, nous estimions donc que c’était à nous d’en assumer la responsabilité. » Jan-Willem et son ex-compagne ont en premier lieu fixé 3 règles : les comptes communs servent à payer tout ce qui concerne les enfants et la maison, le réfrigérateur et les armoires sont à tout le monde – l’autre parent peut donc manger ce qui s’y trouve – et chacun a sa propre pièce. « Nous ne devions ainsi plus dormir dans le même lit. La semaine où nous n’étions pas là, nous fermions la porte de notre pièce personnelle », explique Jan-Willem.

Après un certain temps, d’autres règles sont venues s’ajouter. « Avec le nesting, vous n’êtes plus conjoints, mais vous partagez encore les frustrations domestiques d’un couple “normal”. Nous avions par exemple tous les deux le sentiment de faire la plupart des corvées. Nous avons donc mis en place un système de points : nous avons calculé combien d’heures représentait chaque tâche domestique et leur avons attribué un nombre de points. Si vous faisiez une corvée plus lourde, vous saviez que vous échapperiez à plusieurs tâches moins importantes. Cela nous a permis de conserver un équilibre. Ce système de points a demandé pas mal de réflexion, mais il nous a procuré de la sérénité à tous les deux. »
Autour de la table
« On faisait aussi chaque mois le point, parfois pendant 2 heures. On établissait un ordre du jour à l’avance, auquel nous nous tenions : cela évitait les surprises. Nous discutions alors par exemple du système de points, mais nous avions aussi décidé de ne pas se poser de questions pratiques au moment de l’échange. On pouvait s’envoyer un SMS ou un message WhatsApp, mais nous voulions limiter les tensions lors des échanges. »
En fait, la seule chose pour laquelle il n’y avait pas d’accords, c’était l’éducation des enfants. Jan-Willem : « Pendant notre semaine, on faisait comme il nous plaisait. Pour les enfants, c’était parfois perturbant. Lors d’une garde alternée traditionnelle, les règles sont liées à un lieu, mais dans notre cas, le lieu restait le même, seul le parent présent changeait chaque semaine. »

Tout en double
Après 3 ans de nesting, l’ex-compagne de Jan-Willems a acheté une maison. L’arrangement a évidemment pris fin, vu que lors de sa semaine de garde, elle emmenait les enfants dans sa nouvelle maison. « J’ai trouvé ça dommage », poursuit Jan-Willem, « mais il faut être motivés tous les deux pour maintenir un tel arrangement. » Son plus jeune fils, Linus (10 ans), donne son avis : « Je pense que je préfère la situation maintenant. J’ai tout en double parce que maman et papa veulent que mon frère et moi ayons le moins d’affaires possible à emporter. » Le jour du changement, Linus et son frère Sebastian (13 ans) doivent emporter leurs autres affaires dans leur cartable, du fait que leur papa les conduit à l’école le matin et que leur maman vient les rechercher. « Il s’agit par exemple du livre que je suis en train de lire ou de vêtements de rechange. Mais je n’ai jamais de grosse valise à prendre. »
« C’est peut-être plus calme maintenant pour les enfants », conclut Jan-Willem. « Mon ex-compagne et moi nous voyons beaucoup moins, il y a donc moins de tensions. » Aujourd’hui, Jan-Willem vit dans la maison parentale, où les enfants viennent toutes les demi-semaines. « Comme j’ai racheté la maison familiale, les enfants n’ont dû s’habituer qu’à un nouvel endroit. »

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Texte Maud Vanmeerhaeghe – Photos Jan Crab