Sandrine Dans : « Quand je m’engage dans quelque chose, je ne lâche pas, je fais de mon mieux ».

« Il n’est pas de hasard, il est des rendez-vous, pas de coïncidence » comme le chante si bien Etienne Daho dans son titre « Ouverture ». Une phrase qui sied à merveille à Sandrine Dans, l’une des animatrices les plus populaires, en TV comme en radio. La bonne humeur et la bienveillance se transmettent chez elle de génération en génération. Épouse et maman, chaleureuse dans « L’amour est dans le pré », enjouée sur les antennes le matin, très engagée auprès du Télévie, la jeune femme garde la cap de sa vie avec confiance, malgré les douleurs, et surtout beaucoup d’amour. 

Carte d’identité

Sandrine Dans est née le 5 novembre 1976 à Bruxelles. Avant d’entamer sa dernière année d’études de kiné, elle se présente au concours Miss Belgique en 1997 et se classe troisième Dauphine. RTL-TVI la remarque, elle commence une carrière en radio et en TV. Son sourire et sa bonne humeur en font très vite l’une des animatrices préférées du public. En 2012, elle reprend l’émission « L’amour est dans le pré », y apportant son humanité. Carton plein puisqu’il s’agit d’un des plus gros succès de la chaîne et en est à sa 13e édition. Sandrine Dans anime sur Bel-RTL « La Matinale » et « Les musiques de ma vie ». En octobre 2021, elle a animé une nouvelle émission « Nouvelles recrues. Leurs premiers pas ». 

Votre chemin est jalonné d’heureux hasards de la vie.  Sont-ce vraiment des hasards ?

Il faut pouvoir se montrer attentif aux signes que la vie nous envoie et suivre son intuition, ce que j’ai toujours fait depuis mon enfance. Mes choix ont parfois surpris mais je pense que les choses arrivent quand elles doivent arriver. Je pense bien sûr au Concours Miss Belgique alors que j’étais étudiante en kiné, au fait de me lancer dans une carrière à la TV sans arrière-pensée, que j’y sois depuis 25 ans, la rencontre avec mon mari… Certains appellent cela le karma ou le destin. Quoi qu’il en soit, il faut saisir les opportunités qui se présentent à nous. La peur peut nous faire passer à côté de bien des choses. 

Avez-vous trouvé un équilibre entre raison et impulsion ?

Il est vrai que j’ai toujours été raisonnable, je ne fonctionne pas sur un coup de tête, j’examine les situations à froid. Avec les années, je pense avoir trouvé le juste équilibre. À l’époque, j’aimais vraiment mes études de kiné qui me nourrissent encore au quotidien dans ma vie de femme et de maman. Quand j’ai fait le choix d’arrêter mes études, je savais qu’il me restait 3 ans pour représenter ma dernière année. Je me gardais donc un Plan B. J’avais 20 ans et je me mets à la place de mes parents quand je leur ai annoncé ma décision. Mais ils se sont montrés très sages, soulignant que je prenais la responsabilité de mes actes. Ils m’ont fait confiance, un cadeau magnifique. J’y repense souvent avec mes enfants. Il faut respecter le chemin qu’ils tracent, même si ce n’est pas celui qu’on avait imaginé. On ne sait jamais ce que la vie nous réserve. Depuis que j’ai perdu ma maman, je sais qu’on ne peut rien prévoir. Alors, chaque matin, quand mon réveil sonne à 5h ½ pour mon émission radio, je me répète ma chance d’avoir un job que j’aime et une belle famille autour de moi. Quand j’étais petite, j’adorais le film « Autant en emporte le vent » et cette phrase de Scarlett O’Hara « Demain est un autre jour ».

Est-ce votre joie de vivre qui vous rend si populaire ?

Elle m’a été transmise par mes parents, ma grand-mère et même mon arrière-grand-mère qui était hyper drôle. Une transmission dont on ne prend conscience qu’une fois devenu adulte et parent à notre tour. Dans ma vie professionnelle, je n’accepte que les projets qui ont cette dimension d’humanité, d’écoute. Et quand les gens viennent vers moi et que je sens tellement de bienveillance à mon égard, c’est peut-être parce que je leur en témoigne. 

Quelle enfant étiez-vous ?

J’étais une petite fille très anxieuse, capable de cerner les gens assez vite, plutôt casanière afin de me protéger. Et en même temps, j’avais plein d’amis. J’arrivais déjà à me faufiler entre cette part d’ombre et de lumière, obligée, au fil du temps, d’apprivoiser cette part d’angoisse pour en faire une force. Le fait d’avoir choisi des études de kiné n‘est pas un hasard, il y est question du rapport de l’humain au corps et à l’esprit. Je me suis nourrie de cet enseignement qui m’a fait grandir. 

Tout comme le Conservatoire de danse classique, une école très exigeante avec l’apprentissage de la rigueur, du travail. Je ne me considère pas comme une perfectionniste mais j’y ai appris à tendre vers l’amélioration de soi, à me dépasser. D’ailleurs, je continue la danse afin de garder une activité physique. Ma fille m’a suivie, nous avons cette passion en commun. 

Comment dépasser le cliché de la jolie Miss et affirmer sa personnalité ?

Je sais, depuis le premier jour, que tout peut s’arrêter, surtout en tant que femme. J’ai donc tenu à avoir une vie pleine à côté de l’univers de la télévision. Le lâcher-prise vous aide à avancer. On est venu me chercher pour qui je suis alors autant rester moi-même. Je dis toujours à mes enfants que la beauté est attirante mais c’est la personnalité qui se révèle attachante. Je pense que le téléspectateur n’est pas dupe. Je préfère qu’on m’apprécie pour ce que je dégage que pour la longueur de mes jambes ! Les mentalités sont en train de changer par rapport à l’image, même si les femmes ont encre de lourds chariots à tirer. Les réseaux sociaux sont terribles en ce sens, ils poussent à une surexposition malsaine tout en prônant l’acceptation de l’autre avec un entre-deux flou où beaucoup de personnes, surtout des jeunes, se cherchent. J’en discute beaucoup avec mes enfants. Heureusement, je trouve leur esprit critique plus aiguisé que ce que je ne pensais. 

Vous avez d’abord refusé la présentation de « L’amour est dans le pré ». Parce que cette émission ne correspondait pas à vos valeurs ? 

Je n’avais pas accroché aux trois premières saisons. J’ai accepté à condition d’être libre de me montrer vraie et sincère.  Je suis donc allée à la rencontre de ces agriculteurs qui cherchent l’amour. J’ai eu la chance de passer toute mon enfance dans un petit village des Ardennes auprès de mes grands-parents, nombre de mes copains étaient enfants d’agriculteurs, je connaissais la ferme, la traite… Je ne débarquais pas en milieu étranger en regardant les gens de haut, bien au contraire. L’amour reste LE sujet universel et intemporel. J’en apprends tellement sur l’être humain. 

L’humain n’est-il pas justement le fil rouge de toute votre existence ?

Bien sûr, je suis totalement centrée sur l’ouverture à l’autre. D’ailleurs, les premières années, je n’arrivais pas à dire non à tout ce qu’on me proposait, ce qui m’a valu un bon burn-out. Depuis que j’ai appris à refuser ce qui ne me convient pas, en me respectant, je me sens libérée, d’autant que je suis très soutenue par la direction de RTL. Ma dernière émission « Nouvelles recrues » est également tournée vers l’humain en donnant la parole à des jeunes qui s’engagent et suivent leur vocation en traversant des périodes de doutes, de stress et de joies. Quant à « La Matinale » en radio, j’aime cette idée d’accompagner les gens au réveil, de leur proposer mon café-croissant entre info, musique, douceur et bonne humeur. Ce serait bien que je sois comme un petit ange posé sur leur épaule leur disant « Courage, vas-y ! »

Quel est le plus beau compliment qu’on vous ait fait ?

Un jour, mon fils m’a dit à 2 ans et demi « Si je devais renaître, c’est toi que je prendrais encore comme maman », il y a tant d’amour dans cette phrase. J’ai du mal avec les compliments. Je ne pense pas être compliquée à vivre, j’ai horreur des conflits, je préfère que la tension redescende et passer à autre chose. Je suis plutôt calme et tempérée et donc très complémentaire de mon mari qui ne tient pas en place, un moteur qui vrombit en permanence. Nous avons trouvé notre équilibre, lui m’insuffle l’énergie créatrice dont je pourrais avoir besoin et moi je le calme.

Cette double culture, belge et marocaine, est-elle un cadeau pour vos enfants.

J’ai rencontré mon mari il y a 20 ans et ce fut comme une évidence. Nous avons très vite décidé qu’il n’était pas question d’imposer quoi que ce soit à l’autre ni à nos enfants. Nous resterions dans le respect de la famille de chacun avec sa culture, ses croyances, ses traditions. Notre relation n’est qu’échange et partage, j’ai une belle-mère extraordinaire, d’une grande intelligence et qui cuisine divinement. Cette rencontre a donné un bon coup de pied à tous les clichés ancrés chez certains qui ne donnaient pas cher de notre couple.  Encore une fois, j’ai suivi mon instinct. Et quand je m’engage dans quelque chose, je ne lâche pas, je fais de mon mieux. Mon moment préféré de la journée, c’est quand je suis à la maison le soir et que j’ai tous mes poussins autour de moi. Sans oublier mes deux chiens et mes trois poules. 

Quelles sont les valeurs essentielles qu’on vous a transmises ?

L’humour, mon père me faisait des blagues tout le temps, de même que ma grand-mère. La tolérance. Et le respect de l’autre, personne n’est inférieur.  

Des valeurs que vous retrouvez dans votre engagement auprès du Télévie ?

L’expérience m’est particulière car ma maman travaillait en laboratoire aux Cliniques universitaires à Saint-Luc. Toute petite, elle m’a parlé de la leucémie et des progrès de la médecine. Elle travaillait avec des services qui ont reçu les premiers contrats Télévie. Il était évident pour moi, en arrivant à RTL, de participer à cette organisation. Par la suite, la maladie nous a touchés, comme pour beaucoup de familles. Ma maman est décédée d’un cancer du cerveau. Elle était très fière de mon engagement. 

5 objets

La contrebasse : Mon mari est bassiste. Lors d’un concert, je suis tombée en arrêt devant une contrebasse, je trouve cet instrument magnifique, aux allures de femme et aux notes graves d’un homme. Quelques semaines plus tard, il m’en a offert une. Je n’en joue toujours pas mais de temps en temps je fais vibrer ses cordes. Elle est l’âme de la maison. 

Le bracelet : Ma maman l’a reçu pour ses 18 ans et elle me l’a offert pour mes 18 ans. J’en ai toujours pris soin, il est d’une délicatesse incroyable. Depuis qu’elle est partie, il a pris encore une autre dimension. 

Les livres : Après le décès de ma maman, j’étais un peu perdue et j’ai eu besoin de développer davantage ma spiritualité. « Le pouvoir de l’intention » de Wayne W. Dyer ne m’a pas quittée, je l’ai dévoré en quelques jours. L’auteur m’a permis de découvrir les livres de Deepak Chopra. Leurs ouvrages expliquent de manière juste et simple les grandes interrogations de la vie. 

L’assiette : Ma grand-mère paternelle, qui fêtera ses 100 ans en décembre, a réalisé pour tous ses enfants et petits-enfants un service complet personnalisé peint par ses soins. Elle a suivi des cours de peinture sur céramique et chacun d’entre nous a pu choisir quel motif il préférait. Un travail de dingue, une pure merveille. 

Les bagues :   J’ai perdu ma première alliance dans le jardin, quand j’étais enceinte de mon fils. Impossible de la retrouver. Au Maroc, mon mari m’a acheté deux bagues pour symboliser notre attachement. Deux ans après, il est retombé sur l’alliance en tondant la pelouse. Je n’ai pas voulu choisir, du coup je porte les trois !

Texte Gilda Benjamin – Photo Jan Crab

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