
Ce ne sont pas toujours des maisons ou des terrains. De temps en temps, la plateforme de vente en ligne Biddit voit passer un bien assez singulier. Ferdi Goovaerts, de Steenokkerzeel, est ainsi devenu le propriétaire du château d’eau de son village après avoir proposé l’enchère la plus élevée. « 855 000 euros, une bonne affaire », lance le distributeur de boissons. Il loue ce bien protégé pour des événements, avec en prime une vue imprenable sur l’aéroport et les environs.
Situé à la limite entre Steenokkerzeel et Kortenberg, le château d’eau de 30 m de haut fait partie du paysage depuis 1938. Durant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands l’utilisaient comme poste d’observation et ce n’est que dans les années 1960 que le réservoir a été rempli d’eau. Trente ans plus tard, le château s’est de nouveau retrouvé au chômage. Jusqu’à ce qu’un homme d’affaires conclue un accord avec la compagnie des eaux : après avoir acheté le château, il introduisit une demande de classement du bâtiment en tant que monument. Un moyen détourné de changer son affectation et de le transformer en habitation. Ces dernières années, le château d’eau faisait office de lieu événementiel.

À vendre
Il y a deux ans, il fut mis en vente. Prix demandé : 1,75 million d’euros. Vu le peu d’intérêt en raison de la pandémie, l’ancien propriétaire s’était tourné vers une vente publique en ligne via Biddit. Le distributeur de boissons Ferdi Goovaerts s’est alors manifesté. « J’ai appris un peu par hasard que le château était à vendre », confie-t-il. « J’ai grandi à Steenokkerzeel et je vivais à peine un kilomètre et demi plus loin, je l’ai donc toujours connu. Lorsque j’ai fait part de mes projets à ma femme, elle était très enthousiaste. Je lui avais pourtant dit un peu avant que l’on avait assez investi dans l’immobilier. Nous avons déjà onze maisons. »
Le prix de départ était de 800 000 euros. « Nous nous étions promis de ne pas aller au-delà d’un million d’euros. Au début de la vente publique, il ne se passait rien. Il a fallu attendre les deux dernières heures pour que les choses bougent. Quelqu’un a surenchéri de 5 000 euros. J’ai suivi, et alors que la période d’enchère était presque terminée, le prix était monté à 830 000 euros. Chaque surenchère prolongeait la période d’enchère de cinq minutes. Nous n’étions plus que deux enchérisseurs. Puis, ce fut terminé. Il n’y a plus eu de surenchère : la vente publique s’est arrêtée à 855 000 euros. Une bonne affaire. »
Château d’Eau
À peine quelques jours plus tard, Ferdi devenait le plein propriétaire d’un château d’eau luxueusement aménagé. Il voit cet achat comme un investissement. « En tant que lieu événementiel, le château d’eau était très prisé. Nous avons donc poursuivi cette activité. Nous avons même repris la décoration, le nom “Château d’Eau” et le site web www.ch2o.be », explique-t-il. « Mais cet achat est aussi un choix émotionnel. C’est un bien tout simplement époustouflant. Nous y avons déjà passé plusieurs nuits, juste pour mieux connaître le bâtiment. Il y a tellement de domotique que je ne connais pas encore toutes les fonctions et tous les interrupteurs. »
Ferdi nous fait visiter ce bâtiment unique. Nous commençons par le rez-de-chaussée, où le socle du château offre juste assez de place – en manœuvrant un peu – pour deux voitures. Il y a une porte d’entrée donnant sur la rue et une porte de garage sur le côté. De là, un escalier et un ascenseur partent vers les cinq étages. L’escalier en béton est original et monte en spirale contre le mur extérieur jusqu’au réservoir tout en haut.
Au-dessus du garage se trouve un local technique avec l’installation de chauffage et une arrière-cuisine sobre. À l’étage supérieur, on trouve un espace de réunion avec une grande table au centre. La partie habitation commence au troisième étage, qui abrite une salle de bains spectaculaire. Au milieu de celle-ci se dresse une grande douche de pluie dont l’eau coule depuis quatre mètres de haut ! Les plafonds sont d’ailleurs particulièrement hauts dans toutes les pièces. Avec les grandes fenêtres, cela procure une grande sensation d’espace. La surface habitable totale du château d’eau est de 450 m².
Encore un étage plus haut, nous arrivons dans la chambre à coucher, où un escalier en colimaçon mène à ce qui était autrefois le réservoir d’eau. Il abrite à présent le living avec une grande cuisine à vivre. C’est la plus grande pièce du bâtiment. Le panorama depuis les fenêtres est magnifique.
Koekelberg et Anvers
Mais on peut aller encore plus haut. Un petit escalier en colimaçon mène ainsi à une passerelle qui surplombe la cuisine. Via une trappe au plafond, nous grimpons sur le toit. La vue est à couper le souffle. À proximité de l’aéroport, les immeubles élevés ne sont pas autorisés, à l’exception de ce château d’eau. Au loin, on voit la basilique de Koekelberg d’un côté et Louvain de l’autre, et – d’après Ferdi – on pourrait même voir les lumières du port d’Anvers par beau temps. « Mais le plus beau, ce sont les avions », s’émerveille-t-il. « La manière dont ils se déplacent gracieusement dans l’air, descendent à notre hauteur, pour se poser enfin sur la piste. Depuis le sol, on ne voit pas à quel point ce spectacle est merveilleux. »
Le nouveau propriétaire ne veut pas garder cette sensation pour lui : il compte la partager avec des spotters d’avions et d’autres personnes intéressées. « J’ai déjà contacté l’administration communale pour examiner les possibilités. Les écoles des environs sont également les bienvenues. »
