
Depuis quelques années, de plus en plus de personnes recourent à la médiation pour régler leurs désaccords. L’intervention d’un tiers neutre, indépendant et impartial facilite le dialogue, pour une solution qui répond aux besoins de chacun.
Dans son étude notariale de Berchem-Sainte-Agathe, Maître Danielle Duhen accompagne des personnes qui souhaitent parvenir à un accord réfléchi et durable dans le cadre d’un divorce, d’une succession, d’une transaction immobilière ou d’un conflit entre associés par exemple.
En tant que notaire, comment en êtes-vous venue à la médiation ?
« Il y a un peu plus de 10 ans, j’ai entrepris la formation en médiation proposée par la Fédération du Notariat car j’avais dans mon ADN, comme tous les notaires, l’idée que nous sommes privilégiés pour aider à trouver des accords. Cette formation m’a aidée à développer une neutralité et une écoute bienveillante et active. J’ai découvert beaucoup d’outils pour aider les personnes à s’exprimer dans un sens constructif et à élaborer des solutions de façon créative – une démarche généralement plus rapide et moins chère qu’une procédure judiciaire, et surtout sans perdant. »
Un médiateur aide à trouver un accord. Un notaire rédige des actes censés prévenir tout conflit. Que fait un notaire médiateur ?
« Dans sa fonction première, le notaire a pour mission de rédiger des accords et actes qui, en principe, préviennent le conflit. Nous devons poser les bonnes questions à nos clients et leur donner toutes les explications nécessaires pour qu’ils signent un document qui ne devienne pas un brulot entre eux. »
« S’il existe un désaccord, je tente d’abord comme tout notaire de concilier les parties. S’il ne semble pas possible de trouver un accord, je leur expose toutes les possibilités qui s’offrent à eux pour régler leur différend : médiation mais aussi conciliation, arbitrage, possibilités du droit collaboratif avec les avocats… Quand j’interviens comme médiatrice, je quitte ma casquette de notaire. »
Qu’est-ce qui se passe concrètement quand vous passez en mode médiation ?
« D’abord, je préviens les clients que nous entrons dans une autre démarche. On commence d’ailleurs par signer un protocole de médiation qui fixe très clairement le cadre, avec une autre tarification, d’autres principes. Par exemple, tout ce qui se dit dans le cadre d’une médiation est strictement confidentiel et ne peut être utilisé hors de ce cadre spécifique. »
« Ensuite, au lieu de noter leurs instructions comme je le ferais en tant que notaire, j’ai un grand tableau où je note tous les points à régler et les attentes de chacun. C’est une étape importante : quand le client voit son problème écrit, il se sent déjà libéré. Les étapes suivantes consistent à imaginer toutes les pistes possibles et à adopter la formule idéale. »

Dans quelles situations la médiation a-t-elle une valeur ajoutée ?
« Dans toutes les situations où les clients ont du mal à s’entendre sur ce qui doit figurer dans l’acte qu’ils viennent signer chez le notaire. Par exemple, des fiancés qui ne s’accordent pas sur un contrat de mariage… Plus généralement, dans tout conflit qui a une base émotionnelle et des causes multiples, la médiation permet de mettre de l’ordre et de dégager des pistes communes. »
« En tant que médiateur, on donne aux personnes un espace où elles peuvent parler et se comprendre mutuellement. En général, quand vous arrivez à mettre le doigt sur le pourquoi du désaccord, vous avez fait le plus gros du travail. »
Y a-t-il des moments difficiles lors de ces médiations ?
« Souvent, quand vous arrivez dans le nœud du problème, l’émotion submerge les gens. L’un console l’autre et la tension descend. C’est souvent très touchant. »
« Parfois il y a de l’agressivité. Le médiateur a des outils pour la juguler et permettre une communication apaisée. Si quelqu’un s’énerve, je peux par exemple lui demander de s’adresser à moi et pas à l’autre personne. »
« Enfin, il existe parfois une relation dominant-dominé. L’un s’impose et l’autre a du mal à exprimer ce qu’il a sur le cœur ou ce qu’il souhaite vraiment. Il faut amener l’un à oser parler et l’autre à écouter. »
Comment mettre toutes les chances de son côté ?
« Les personnes doivent savoir qu’elles vont construire elles-mêmes leur solution. Elles seront écoutées et aidées de façon neutre et impartiale mais ce sont elles qui feront le travail, dans le cadre sécurisant donné par le médiateur. Je crois qu’il faut, de toute façon, éviter toute idée préconçue sur ce qui va en sortir et arriver dans un état d’esprit ouvert et constructif. »
Texte: Sophie Dancot
