K’Rolo Cosmetics: comment la création de savons est passée d’un hobby à un travail à plein temps

Crédit: Jan Crab

Le nom de la marque, l’appellation et la forme des produits, les parfums… Tout donne envie chez les produits K’rolo Cosmetics, marque de savons et de cosmétiques née à Charleroi et qui pétille partout en Wallonie et à Bruxelles. Ancienne dessinatrice industrielle, Jennyfer Dewolf, 46 ans, a fait de sa passion un artisanat à plein temps.  Un vrai changement de vie.

Texte: Gilda Benjamin

Les matières premières sont issues de producteurs responsables comme le beurre de karité provenant du Burkina Faso, parfois locales et bio autant que possible. Misant sur des prix accessibles au plus grand nombre et des articles de qualité, la savonnière carolo fait mousser le quotidien. 

Comment passe-t-on de dessinatrice industrielle à créatrice de savons ?

J’aime travailler de mes mains. L’idée est venue suite à des problèmes de peau chez ma fille âgée de quelques mois. J’avais beau essayer différents produits, rien ne fonctionnait. Je me suis donc lancée dans la réalisation de savons, après avoir acheté un nombre impressionnant de bouquins pour potasser au mieux le sujet. J’ai donc élaboré une première formule. Quand j’ai distribué quelques savons à mes proches et amis lors d’un souper, ils m’ont tous rappelé, enthousiastes. C’était en avril 2008. J’ai adoré cette première expérience et j’ai eu un coup de foudre pour la savonnerie. 

Vous n’aviez pas encore l’idée de quitter votre emploi à l’époque ?

Pas du tout, je réalisais les savons le soir, la nuit et le WE, chez moi, en plus du boulot et des enfants. Comme je ne suis ni chimiste, ni cosmétologue, j’ai contacté des professionnels que je payais à l’heure afin de leur poser mes questions et de me documenter. J’ai aussi été très soutenue dans le milieu, j’ai bénéficié de nombreux conseils. Mais moi ce que j’aime, c’est travailler la matière. Je la ressens, je l’observe, je note ses réactions. Un nouveau savon dépend de mon humeur, des produits que j’ai en stock, des demandes… L’expérience aidant, je connais mes formules. Mais il s’agit aussi d’une question de feeling, comme en cuisine. J’ai mené mes deux activités en parallèle durant 9 ans.

 

Je ne suis pas quelqu’un qui croit beaucoup en moi. Mais au vu des réactions tellement positives, je me suis vraiment renseignée sur les produits que l’on trouve sur le marché et sur les matières premières. Et là, il n’y a rien de mieux que le naturel ! Ce qui est magique avec un savon, c’est qu’il s’agit d’une transformation de la matière et non d’un simple mélange. 

Comment avez-vous décidé de sauter le pas ?

Je suis tombée gravement malade et j’ai quitté mon boulot. Dès que j’ai été mieux, je me suis vraiment posé la question : allais-je retourner travailler comme avant ou était-il temps de me lancer ? L’opportunité se présentait de changer de vie, de faire le grand saut. Tout le monde m’encourageait à le faire. J’avais une petite clientèle, j’avais évolué en me mettant à créer également des crèmes et des shampoings, j’ai pris ma décision il y a 2 ans. 

Avez-vous établi un business plan ? Contacté votre banque ? 

Non, j’ai tout fait toute seule et j’ai pris le statut d’indépendant à titre principal. Mais il devenait impossible de continuer à réaliser mes produits à la maison. J’ai donc trouvé ce local qui me convient idéalement. Comme les choses se passent bien et que la clientèle s’élargit de plus en plus, je compte passer en société en janvier. 

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Comment gérez-vous tous les aspects du métier : création des produits, clientèle, communication, marchés, points de vente… 

Ma sœur m’aide énormément pour booster ma visibilité, notamment sur les réseaux sociaux. Pour le reste, rien ne vaut le bouche-à-oreille. Quand les gens sont contents, ils reviennent vers vous. Le cancer m’a appris à ne plus forcer les choses mais à avancer selon mon rythme. En italien, on dit « Qui va piano, va lontano ». Je veux, coûte que coûte, garder mon âme d’artisan et continuer à confectionner mes produits à la main. 

Quel est votre plus grand plaisir ?

La confection des produits. Et le contact avec les gens. J’étais tétanisée de peur lors de mon premier marché mais la passion l’emporte sur la crainte. Si on m’avait dit, il y a 20 ans, que je serais à mon compte dans le domaine de la cosmétique, je ne l’aurais jamais cru. Mais j’ai fait le meilleur choix possible. Mon métier est tellement gratifiant. Certes je travaille 7 jours sur 7 mais je me sens totalement épanouie. Cependant, il faut avoir un sacré sens de l’organisation, et pas mal de courage, pour devenir indépendant. Mais je suis comme ça dans la vie, je ne lâche rien. C’est le conseil que je pourrais donner à quelqu’un qui a envie de vivre de sa passion. Ne pas avoir peur de faire des heures. Mais si vous aimez ce que vous faites, ça marchera. 

Comment avez-vous trouvé le nom K’rolo Cosmetics ?

Je me sens profondément belge et j’avais envie de mettre en avant le fait que beaucoup de gens se mobilisent pour faire bouger Charleroi. C’est mon petit clin d’œil. 

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