
Une activité qui tourne bien et l’amour pour moteur, avec l’arrivée d’un petit bout comme une nouvelle promesse de bonheur. Et puis un virus inattendu et dévastateur et le couperet tombe : faillite. Benoît et sa compagne Maïté ont pourtant très vite surmonté leur tristesse pour mieux rebondir.
Texte: Gilda Benjamin
Quelle était votre activité ?
Il y a 6 ans, ma compagne et future épouse Maïté Argento, a ouvert un petit complexe sportif à Saint-Georges-sur-Meuse (en province de Liège) et je l’ai rejointe 2 ans plus tard. Tout marchait très bien, nous proposions une salle de fitness, deux salles de cours collectifs, une piscine et trois terrains de squash. Nous touchions pas mal de monde.
Au début de la crise du Covid, comment avez-vous réagi ? Fallait-il continuer ou changer de cap ?
Comme dans beaucoup de domaines, nous avons dû fermer le club brutalement, en nous disant que ce serait pour peu de temps. Mais nous avons vite observé que les mesures duraient et devenaient de plus en plus strictes, nous ne savions plus sur quel pied danser. Je suis également professeur d’éducation physique et l’incertitude régnait également à l’école. Après un mois, nous nous sommes vraiment posé des questions et avons réfléchi à l’après. Comment reprendre une activité qui respecterait les mesures de sécurité ? Le sport reste un métier de contact et nous n’étions pas intéressés par les cours par vidéo. Comme l’été approchait et que nous avions une grande pelouse à l’arrière de notre appartement, des cours en plein air étaient envisageables.

Quand avez-vous pris la décision de mettre la salle en faillite ?
La location de l’espace se poursuivait, avec un loyer exorbitant de 17 000 euros/mois et des charges à payer. Les aides de l’Etat ne permettaient pas de nous en sortir. Nous avons donc décidé de cesser l’activité tout en élaborant une reconversion.
Comment vous êtes-vous réinventés ?
Nous donnions déjà des cours personnalisés. Nous avons découvert que de nombreuses personnes étaient demandeuses, vu le confinement, de bouger et de faire du sport. Nous avons saisi cette opportunité et proposé du coaching à domicile. Comme je suis également prof de piscine, j’ai pu proposer cette activité à tous ceux qui ont la chance d’en avoir une chez eux.
Quel était votre état d’esprit ?
Nous venions d’acheter un appartement et d’avoir notre bébé ! Au moment de l’annonce de la faillite, nous avons vécu deux semaines compliquées. Même si nous n’y étions pour rien, cela reste un échec. Il a fallu affronter la banque, les créanciers… On perdait notre rêve, des clients auxquels nous étions attachés, une équipe, tout s’écroulait. Mais je suis quelqu’un de très impatient, il fallait absolument trouver une solution. Je sais qu’on faisait tous les deux du bon boulot, on allait s’en sortir. J’ai gardé, malgré tout, un esprit positif, pour Maïté et notre enfant. Nous sommes jeunes, nous avons 30 et 33 ans, et notre petit a été notre moteur et l’est toujours. Il n’était pas question de se morfondre. Et puis, nous nous sommes sentis portés par les clients qui venaient vers nous et nous faisaient confiance. Nous avons reçu de nombreux messages de soutien.

Comment a évolué votre réflexion ?
Je me suis dit qu’il n’était plus indispensable d’avoir un espace professionnel, je pouvais tout à fait proposer mes services aux gens qui le désiraient, et ils sont vraiment nombreux. Maïté est aussi kiné. Elle a rebondi de la même façon que moi, elle reste kiné à la clinique MontLégia à mi-temps et l’après-midi elle donne des cours de fitness à domicile et dans un espace aménagé chez nous. Le bouche-à-oreille a bien fonctionné car nous vivons dans un village où nombre de gens se connaissent, l’info circule très vite. En automne et en hiver, nous devrons revoir l’offre de notre coaching mais on peut faire beaucoup de choses en intérieur avec un tapis d’exercices. Je vous avoue que j’ai aussi en tête un nouveau projet, moins grand et plus personnel. Certes, nous avons traversé un vrai chamboulement. Maïté était indépendante à temps plein, elle est passée indépendante complémentaire. Pour ma part, j’étais déjà indépendant complémentaire.
Que vous a appris cette expérience ?
Habituellement, je ne suis pas homme à prendre des risques. Mais là, j’ai vu que j’étais capable de réagir, de faire face. Maïté et moi avons su puiser une force en nous face à la situation. Aujourd’hui, je n’ai pas peur.
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