Préparer sa succession digitale : un sujet à discuter en famille

Crédit: Jan Crab

Les mises en garde de base, conseils et informations sont généralement prodigués par les parents aux enfants. Ça fait partie du rôle de l’éducation, de la mission parentale. Et les conseils relatifs aux dangers qui guettent les jeunes sur Internet en font partie. Sauf que, dans ce cas précis, les enfants peuvent parfois en apprendre autant à papa et maman… Avis croisés. 

Texte Elodie Devillers 

Dans la famille Daubresse, j’ai nommé le père, Bernard, 52 ans. Comptable de profession, musicien par passion et guitariste dans un groupe amateur. Il a deux fils : Sébastien, 23 ans et Nicolas, 21 ans. Dans la famille, point de grands discours et de recommandations à appliquer à la lettre, mais une éducation axée sur le bon sens et un dialogue ouvert qui permet aux jeunes de poser leurs questions… et vice-versa ! Mais surtout, un constat : les dangers d’Internet ont eu tendance à se complexifier ces dernières années.

Particulièrement au niveau des réseaux sociaux, car ce sont eux qui posent le plus de problèmes. « Au départ, on s’inscrivait sur Facebook pour retrouver des vieux copains d’école, cela restait bon enfant. Mais les choses ont évolué au fil du temps vers un profilage davantage publicitaire, où l’on essaye de cibler les gens en fonction des produits à leur vendre ou des orientations politiques. D’où la nécessité de protéger son profil, ce que je ne faisais pas au départ car ma présence sur Internet visait surtout à poster des informations sur mon groupe de musique », explique Bernard Daubresse. 

« Au début, je me suis inscrit pour retrouver des copains de l’école primaire. Il y avait aussi des jeux sur les réseaux qui m’ont attiré. Ma mère estimait que ce n’était pas de mon âge, mais c’était facile de s’inscrire en deux clics, même avant 13 ans ! Il faut dire que face à la nouveauté, on ne se pose pas trop de questions sur les aspects négatifs, ceux-ci apparaissent par la suite », estime Nicolas. 

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Une prudence évolutive

Comme beaucoup de familles belges, les Daubresse se sont en effet habitués à l’évolution du Web, ont adapté leur attitude et pris des précautions au fil du temps. « J’ai supprimé pas mal de photos et de commentaires sur Facebook qui datent de quand j’étais plus jeune, car si un employeur devait tomber dessus plus tard, cela pouvait me porter préjudice. Aujourd’hui, je fais attention à ce que je laisse sur Internet, mais ce n’était pas le cas quand j’étais plus jeune. Seuls mes amis peuvent voir mon profil. C’est en effectuant une recherche avec mon nom via Google que je me suis rendu compte des traces que l’on peut laisser, sur Facebook notamment, et qui sont visibles de tout le monde si on n’y prend pas garde. C’est mon père qui m’a appris comment effectuer des recherches sur Internet via les moteurs de recherche. Nous avons beaucoup observé et suivi son exemple. C’est ce qu’il m’a légué comme héritage digital : les démarches, la logique à suivre ».

Bernard précise qu’ayant lui-même reçu une éducation très stricte, avec une surveillance parentale étroite, il n’a pas voulu reproduire ce modèle avec ses enfants. « Ma philosophie est de rester discret, d’être à l’écoute si l’enfant en ressent le besoin, de montrer que je suis ouvert à la discussion sur n’importe quel sujet. Je ne leur ai pas donné la méthodologie exacte mais je les ai éduqués à la prudence », ajoute-t-il. 

Héritier en ligne

Aujourd’hui, les deux jeunes ont déjà acquis une certaine expérience et, quelquefois, ce sont eux qui peuvent conseiller leurs parents. Durant cette entrevue, Sébastien apprend par exemple à son frère Nicolas qu’il l’a désigné sur Facebook comme héritier de la gestion de son compte s’il devait lui arriver malheur. Bernard, le père, apprend donc par la même occasion cette possibilité de fonctionnalité qu’il ignorait.

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« Nous avons découvert l’utilisation des réseaux sociaux et des possibilités offertes par les smartphones en même temps que nos parents. De fait, nous étions plus jeunes, je trouve donc que nous nous sommes plus rapidement adaptés à ces technologies et aux possibilités offertes par le digital. On s’y connaît davantage et je pense finalement que nous arrivons mieux à gérer notre présence sur Internet que nos parents ! Ma mère s’y connaît moins bien et c’est moi qui la mets souvent en garde contre certains dangers, en lui expliquant où trouver la bonne source », explique Sébastien, le fils aîné. « Je suis d’accord avec Sébastien, ajoute son père. Les jeunes maîtrisent davantage les codes en vigueur sur les réseaux sociaux et Internet en général, ils gèrent mieux leur profil et peuvent également nous informer à ce sujet ».

Qui veut gagner un million ?

Parmi les anecdotes familiales en termes de gestion des risques liés au digital, il existe cette fameuse histoire à un million… « Nicolas m’a un jour appelé pour me dire qu’il avait gagné un million d’euros sur Internet, mais qu’il avait besoin d’une carte de crédit pour le toucher. Il me demandait donc mes codes. Ce fut l’occasion de lui expliquer qu’il s’agissait d’une arnaque. Il y a une forme de bon sens que j’ai pu transmettre à cette occasion, même si je ne pense pas que les adultes ont plus de maturité que les adolescents face aux dangers d’Internet. Ils ont souvent plus de réflexes que nous. C’est juste l’expérience de vie qui m’a permis de comprendre qu’il s’agissait d’une arnaque », explique Bernard. « Heureusement que nous avons été confrontés à cette expérience alors que nous étions plus jeunes et que nous n’avions pas encore notre propre carte de crédit ! », ajoute Nicolas.

« Les réseaux sociaux, c’est finalement la prolongation de la vraie vie et l’éducation que l’on reçoit en général de ses parents est applicable sur Internet également. Si j’ai des enfants plus tard, je leur donnerai des conseils et des infos afin qu’ils se protègent également face aux dangers qu’ils risquent de rencontrer en surfant. Je trouve qu’il faudrait davantage de régulation et de protection des utilisateurs sur Internet. L’éducation aux médias pourrait devenir une matière importante pour tous les élèves à l’école », suggère Sébastien en guise de conclusion.

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