
Si les tiny houses commencent doucement à séduire plus de gens en Belgique, il est souvent impossible de s’y domicilier définitivement. Les communes se montrent réticentes à reconnaître le statut légal d’une micro-maison installée sur un terrain. Les adeptes doivent donc se débrouiller pour vivre pleinement leur désir de nature et d’habitat léger.
Manon, kiné, 28 ans, et son compagnon Julien, rêvaient de cohabitation mais à moindres frais. Ils vivent depuis quelques mois dans leur tiny house, située dans le Brabant wallon.
« Nous avons emménagé le 15 décembre 2019. Nous nous étions bien préparés et étions sûrs que nous serions bien au chaud dans notre tiny house. Nous l’avions mise en location durant un an car nous étions partis en voyage. Mais nous avions hâte d’y habiter. »
Le projet
« Nous avons d’abord pensé à d’autres logements alternatifs comme les yourtes mais ça ne nous attirait moins vu le contexte légal actuel, raconte Manon. Mon papa est venu avec l’idée des tiny houses sur lesquelles il avait vu un reportage, une solution qu’on peut facilement déplacer s’il y a, par exemple, gêne avec les voisins. Nous nous sommes mis à réfléchir à la conception du projet, environ un an, car nous étions hyper enthousiastes. Nous avons construit la maison nous-mêmes, sur le terrain où elle se trouve actuellement. Nous avons été aidés par nos familles et nos amis. »

Julien, et c’est un avantage, travaille dans le domaine de la construction : « Nous avons tout fait, y compris les plans d’électricité, d’évacuation, d’énergie… Il a fallu se montrer très précis et penser au gain d’espace. La construction nous a pris un an et demi, chaque week-end, puisque nous travaillons tous les deux. Nous avions envisagé plusieurs terrains mais le raccordement à l’eau et à l’électricité posait problème. Du coup, nous sommes restés sur le terrain de cette ferme, qui appartient à une connaissance de la famille, là où nous l’avons construite. »
Avantages et particularités
Qu’est -ce qui a bien pu séduire ce jeune couple dans un tel concept d’habitat ? Son coût ? L’idée de vivre dans un petit cocon ? L’envie de poser un acte plus écologique ? Éléments de réponse avec Julien : « Ce projet nous permettait d’accéder à l’habitat rapidement et pour un coût moindre. Nous ne pouvions pas nous permettre d’acheter à la fin de nos études et n’avions aucune envie de louer. Bien sûr, le vide juridique qui entoure les tiny houses donne à réfléchir mais cette situation nous permet aussi d’échapper à une société qui veut tout contrôler. Actuellement, nous restons domiciliés chez les parents de Manon. Enfin, le côté minimaliste de cet habitat nous séduit : nous consommons moins et avons un meilleur impact sur la planète. Je peux vous assurer qu’on peut très bien vivre dans 16 m² ! Nous ne sommes pas autonomes en énergie, sommes reliés à l’électricité et avons une bonbonne de gaz pour la cuisinière et le chauffe-eau. Mais nous tenons à avoir une consommation réfléchie. »
Pourtant, il y a eu de gros moments de doute. « Tous les problèmes rencontrés dans l’élaboration d’une maison traditionnelle se posent aussi mais de façon condensée, poursuit Julien. Nous avons vécu des moments de découragement après un an de travaux, cela devenait lourd pour le couple. Mais aujourd’hui, nous sommes super heureux du résultat. »
Quelles sont les choses sur lesquelles il n’était pas question de transiger ? Habiter dans une tiny house exige d’établir des priorités. Pour Manon, il n’était pas question de renoncer à une certaine convivialité : « On adore recevoir et je viens d’une famille nombreuse. Il était primordial d’avoir un espace où accueillir les gens, autant pour passer d’agréables soirées que pour les loger. Nous avons donc un grand canapé-lit dans un coin cosy. Les notions de nature et de liberté sont également très importantes pour nous. Avant d’emménager, nous avons vécu quelques mois sur l’île de la Réunion, au grand air, à faire des randonnées. Nous avons donc hâte de vivre le prochain été depuis notre tiny house et de profiter au maximum de l’extérieur, du potager… »
S’il est vrai que le couple avait minutieusement préparé son emménagement, certaines évidences se révèlent à l’usage. Manon : « Il faut absolument tout ranger. La promiscuité est importante et nous ne sommes pas du tout éduqués culturellement pour séjourner dans des volumes aussi réduits. Pas question de laisser traîner nos affaires ! »
Texte: Gilda Benjamin