
Francine Furnémont et Claude Herbiet se sont rencontrés il y a 9 ans, alors qu’ils avaient bientôt l’âge de prétendre au tarif senior dans les trains et les musées. Aujourd’hui, à 71 et 69 ans, ils partagent leur vie quotidienne, des souvenirs de grands voyages à l’autre bout de la Terre, des nuits au chevet de ‘leurs’ petits-enfants, une nouvelle tolérance à l’imperfection, et une immense envie commune de profiter des belles années qu’ils sont en train de vivre.
Quand Francine rencontre Claude, 60 ans, elle en a 62, et derrière elle un mariage de 30 ans qui lui a donné deux enfants et un premier petit-enfant. Claude, lui, a été marié deux fois. « Sans enfant connu », plaisante-t-il.
Depuis bientôt 9 ans, le couple habite la maison de Francine, sur les hauteurs de Namur, dans une ruelle ignorée des GPS mais très prisée des écureuils, des pies et des renards. Une ravissante maisonnette achetée par Francine peu avant leur rencontre et qu’ils ont retapée de leurs mains, en laissant apparentes d’anciennes poutres et quelques pierres centenaires.
Francine avait pourtant tiré un trait sur la cohabitation. « Pour moi, il était hors de question d’habiter à nouveau avec quelqu’un. J’avais prévenu Claude que je voulais garder mon indépendance. » Sa résolution n’a pas fait long feu : « On s’est rencontrés en mai 2010 ; en janvier 2011, il emménageait chez moi. »
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Leur indépendance, ils la préservent autrement. Dans leurs activités respectives : le garnissage de chaises à l’ancienne, le yoga et le stretching pour elle, le bricolage, la photo et le sport – à la télé – pour lui. Dans leur rythme de vie : elle est une lève-tôt, il est un oiseau de nuit, et la maison leur appartient pendant que l’autre dort. Dans l’aménagement des lieux : Francine a son bureau à l’étage, Claude son portable et son casque – sa « grotte », comme il dit. « On est fusionnels : on se regarde, on sait ce que l’autre pense. Mais on a, tous les deux, besoin de notre espace. »

Qu’est-ce qui est différent, quand on refait sa vie à cet âge ? « Ce n’est pas refaire, c’est continuer ! » réagit Claude. « Ce qui est fait est fait, on ne le changera plus. Aujourd’hui, je dirais que la passion s’estompe plus vite – on n’est plus des ados : elle se transforme plus vite en amour. L’amour, lui, s’estompe moins vite : il y a moins de détails qui viennent l’éroder. »
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« On admet plus de choses » confirme Francine. « On est plus souple, plus compréhensif. J’ai toujours été perfectionniste et exigeante, mais ce qui me paraissait fondamental quand j’étais jeune me semble souvent plus secondaire aujourd’hui. Je n’accorde plus d’importance à ce qui n’en a pas. » Claude saisit la perche : « Si je l’avais connue il y a 30 ans, on aurait sûrement divorcé ! À nos âges, c’est plus facile d’admettre que le monde n’est pas parfait. Regardez ce qui se passe autour de nous. On a de la chance d’être en Belgique, d’avoir un toit … et d’être ensemble. »
Les soucis de santé qui les rattrapent à 71 et 69 ans, Francine et Claude les acceptent avec la même philosophie. Et un sens aigu de l’urgence de vivre. « Il faut profiter tout de suite » insiste Claude. « Qui dit que demain on va se lever ? »
“Claude aura l’usufruit de ma maison”
Demain, ils y pensent. « Je suis propriétaire de notre habitation. Si je viens à mourir, Claude ne doit pas être à la porte. Il s’est beaucoup investi dans la maison : elle lui appartient autant qu’à moi. Mais je ne veux pas léser mes enfants non plus. Nous sommes en train de mettre les choses en ordre : mes enfants hériteront de la pleine propriété, et Claude en aura l’usufruit jusqu’à sa mort. »
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S’ils ne se sentent plus assez vaillants pour entreprendre de nouveaux périples, leurs grands voyages en Chine, en Inde, en Egypte, leurs randonnées dans le Tarn, sont autant de souvenirs qu’ils partagent. Ils partagent aussi la famille de Francine, qui s’est agrandie entre-temps : le mercredi après-midi, la maison tinte des jeux et colères de quatre petits-enfants. « Ma fille considère presque Claude comme son père, leur complicité m’épate » confie Francine. « Je suis une tombe » insiste Claude. « Ce que sa fille me raconte reste entre nous. Francine peut m’égorger, je ne lui dirai rien ! »
Texte : Sophie Dancot