Usitoo : et si on louait ce dont on a rarement besoin ?

Crédit: Jan Crab

Besoin d’un coffre de toit, d’une machine à barbe à papa, d’une tente de camping ou d’un taille-haie ? Nul besoin d’acheter ce qui dormira la plupart du temps dans votre garage ou votre cave. La nouvelle tendance bénéfique à notre planète : louer ! Le catalogue d’Usitoo propose des centaines d’objets, du plus évident au plus improbable, à collecter dans des points-relais.

Le hangar d’Usitoo se situe à Anderlecht.  Il jouit d’un emplacement chez Recy-K, un incubateur de sociétés et d’associations orientées autour de la revalorisation des déchets émanant de Bruxelles-Propreté. À l’intérieur, une table de ping-pong attend sagement un loueur non loin d’une bétonnière, des étagères sont remplies d’électroménager, d’outils en tous genres…  Deux hommes ont eu cette idée bigrement bonne de repenser notre mode de consommation. 

Comment le projet Usitoo est-il né ?

Frédéric Chomé : “J’ai un parcours plutôt scientifique, j’ai travaillé dans le secteur privé puis ai monté une entreprise de conseil en stratégie environnementale. L’envie de construire des projets plus concrets s’est précisée avec d’autres collaborateurs, dont Xavier.”

Xavier Marichal : “L’idée d’Usitoo a germé dès 2011, pour se formaliser en 2013, sans penser encore à la distribution des objets en points-relais. Je viens, pour ma part, du secteur des télécoms et de la technologie, pour ensuite m’être formé dans l’environnemental. Au départ, nous avons essayé de placer les objets en conteneurs automatiques dans différents quartiers mais cela demandait des investissements colossaux et une surenchère de sécurité alors que nous voulons avant tout diminuer notre empreinte environnementale.”

Frédéric Chomé : “En 2016, nous avons eu connaissance de l’appel à projets Be Circular (offre de soutien de la Région de Bruxelles pour une économie circulaire) et nous avons déposé un dossier avec une version simplifiée de notre « bibliothèque d’objets ». Le temps avait passé et le secteur se montrait plus dynamique pour ce type de valeurs. Il y avait moyen de répondre aux besoins des gens avec des solutions pratico-pratiques mieux ciblées. Il fut un temps où la population achetait énormément, que ce soit en électroménager ou autre. Mais la qualité a diminué et le taux de renouvellement de nombre d’objets a explosé. Une étude française a établi récemment que nous possédions chacun entre 40 et 80 objets utilisés moins de dix fois par an ! Un constat qui nous a poussé à optimiser la location en nous dirigeant vers des objets du quotidien et pas seulement des objets à haute valeur d’achat.” 

Crédit: Jan Crab

Pourquoi avoir opté pour un statut de coopérative ? 

 Xavier Marichal : “Cela nous semblait évident puisque notre démarche résulte d’un désir de mutualisation des objets, même si c’est de la location et non du prêt. Notre notaire s’est un peu arraché les cheveux car nous avions des demandes bien précises mais il a pu nous épauler et nous conseiller. Il faut savoir que tout client satisfait des services d’Usitoo, ou toute personne adhérant à ses valeurs peut prendre une part plus active dans l’entreprise en devenant coopérateur. Il y en a aujourd’hui 123. De plus, notre capital variable est idéal puisqu’on peut le faire évoluer selon les besoins. Enfin, nous pouvons obtenir des fonds de l’extérieur et ne pas dépendre seulement des subsides, ce qui est le cas des ASBL. Usitoo fonctionne comme une start-up sous statut de coopérative et comporte 5 employés.”

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Comment fonctionne le système des points-relais ?

Xavier Marichal : “Il s’agit de commerces conquis par l’idée du « zéro objet inutile ». Les gens y prennent et déposent l’objet loué. Nous avons privilégié des commerces qui font sens avec notre démarche d’économie respectueuse de l’environnement. Figurent donc des magasins zéro déchet, des boutiques en vrac, des acteurs de l’économie sociale et solidaire…, et ce partout à Bruxelles et en Brabant wallon. Nous projetons bien sûr de nous étendre. Notre livreur se charge d’apporter les objets et de les ramener. Là réside une bonne part de notre logistique afin d’établir les tournées en fonction des demandes du client : quel objet, quand et où !”

Quels ont été vos premiers objets en location ? 

Xavier Marichal : “Nous avons commencé avec un peu de tout pour justement ne pas cloisonner les offres et montrer qu’il y a bien plus que des outils dans la gamme d’objets peu utilisés par tout un chacun.” 

Frédéric Chomé : “Aujourd’hui, nous avons bien sûr une grosse demande en jardin, entretien de la maison et électroménager. Mais aussi en voyages, même si c’est saisonnier. La grande majorité de nos clients viennent pour un objet en particulier puis reviennent pour tout autre chose. Une catégorie comme le sport et la musique permet de tester une activité. Pas besoin d’acheter directement une guitare si votre gamin a envie d’essayer ! Même chose si vous partez un WE à la mer et que vous voulez essayer le paddle ou la tente de camping. L’occasion fait le larron !”

Usitoo s’apparente à une communauté avec ses Usiteurs, sa monnaie (les USI), un blog. L’envie de partager une même philosophie ?

Frédéric Chomé : “Nous sommes une entreprise commerciale mais dont l’ADN réside dans la lutte contre l’obsolescence (programmée ou non) et la prolifération des objets. Notre communauté est composée d’utilisateurs mais aussi de donneurs. Les USI permettent aux donneurs de recevoir des unités à utiliser comme ils le souhaitent. Une sorte de monnaie parallèle qui nous est propre. L’idée est bien sûr de favoriser le ré-usage au maximum. Nous sommes là pour faire changer les modes de consommation. Consommons autrement tous ensemble.” 

www.usitoo.be

Texte: Gilda Benjamin

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