Le succès est flamboyant et le nom fait office aujourd’hui de référence. En 3 ans, MolenGeek est devenue un espace où la créativité bouillonne. Rencontre avec sa co-fondatrice Julie Foulon.

Française arrivée en Belgique en 2006 avec un Master en finances, Julie Foulon a la fibre high-tech. Elle lance Girleek en mars 2011, une plate-forme parlant des nouvelles technologies pour les femmes. Sa rencontre avec Ibrahim Ouassari mène à la création de MolenGeek, espace de coworking et de formation axé sur les possibilités infinies de ces technologies qui bouleversent notre quotidien. Le projet séduit tellement qu’il est vite soutenu par de gros sponsors tels Samsung et Google et fait des émules à l’étranger. Le message est clair : tous les jeunes doivent croire en leur talent.
Quel regard portez-vous sur l’ascension fulgurante de MolenGeek ?
Je viens de vivre 3 ans incroyablement intenses. Nous avons réussi à finaliser un espace, à le rendre stable financièrement, un vrai tour de force. Nous répondions à une attente très forte et à un problème global, le même partout dans le monde, avec la digitalisation, l’utilisation des nouvelles technologies, la transition numérique… Les entreprises sont obligées de s’adapter. Or, aujourd’hui, le smartphone est devenu une sorte de continuité de la personnalité de chacun, la technologie concerne la planète entière. Mais quantité de personnes, qui n’ont pas suivi beaucoup d’études ou de formation spécialisée, se retrouvent sur la touche alors que les attentes sont énormes. Il existe un vrai « gap », un décalage considérable entre les besoins du marché et les jeunes au chômage. Quand nous avons commencé, il y avait 40 % de taux de chômage chez les jeunes de 18-25 ans à Molenbeek. Les entreprises cherchent désespérément des développeurs dans le digital, il y avait une idée à creuser. Ibrahim et moi sommes des autodidactes et nous avions pourtant monté notre boîte informatique. Comme quoi, l’état d’esprit, la volonté et la ténacité sont les valeurs les plus importantes dans le domaine.
Le message à faire passer est-il tout simplement « C’est possible » ?
Tout à fait. On avait envie de dire à tous les jeunes pour qui le système éducatif classique ne convient pas « Non, tu n’es pas plus bête qu’un autre ! » et de mettre en place une autre méthodologie. C’est pour cette raison que nous avons un axe « Formation » et un axe « Entreprendre » avec l’espace coworking. Si MolenGeek agit comme ascenseur social, nous sommes très attentifs à l’idée de pousser des jeunes au parcours atypique vers l’entreprenariat. Ici, ils ont la possibilité de créer leur propre job, ce qui représente une vraie porte de sortie pour eux, plus de problème d’identité et de diplôme. On leur demande juste d’avoir des bonnes idées, des bons services et des bons produits. Même chose pour les formations grâce auxquelles ils peuvent acquérir des compétences. Désormais, dans le domaine technologique, les entreprises ne demandent plus « Quel est ton diplôme » mais « Qu’est-ce que tu sais faire ? »
Quel est le programme de MolenGeek ?
Via notre Coding School, les formations longues sont soutenue par Bruxelles-Formation pour les jeunes de 18 à 25 ans. Pour suivre les formations courtes, il suffit d’être demandeur d’emploi inscrit chez Actiris. Mais le coworking est ouvert à tous les porteurs de projets innovants en rapport avec les nouvelles technologies. Tous les mercredis soirs, je me réunis avec les porteurs de projets et je les coache, une vraie intelligence collective. Le plus jeune a 15 ans, un autre 17, tous deux étudiants en comptabilité ! L’un rêve de lancer sa marque de vêtements en ligne, on est là pour entretenir sa flamme en le poussant à effectuer un stage dans le milieu qui l’intéresse. Mais nous avons quantité de projets plus aboutis. Nous manquons de jeunes entrepreneurs, alors motivons-les. L’accès au coworking est gratuit mais chacun donne 4h de son temps par semaine, pour s’engager, échanger, se montrer solidaire.
MolenGeek et Girleek sont-ils très complémentaires ?
Des jeunes filles ayant suivi une formation chez Girleek peuvent en effet venir ensuite chez MolenGeek lancer leur start-up mais l’inverse est possible. La force de ces deux plateformes est de faire se rencontrer des gens qui ne l’auraient jamais fait autrement. Vous pouvez voir, l’un de nos événements, la responsable mondiale de la réalité virtuelle chez Procter & Gamble discuter avec un jeune du fin fond de Molenbeek ou d’Anderlecht !
Qu’en est-il du développement à l’international avec une antenne créée à Padoue en Italie ?
3 entrepreneurs sont venus nous trouver car ils rencontraient, à Padoue, les mêmes problématiques que nous, à savoir une pénurie de développeurs et un chômage accru chez les jeunes. Ils ont flashé sur notre projet et nous les avons aidés à se développer. Un concept qui va s’étendre, nous sommes en pourparlers avec Amsterdam. Nous avons aussi des contacts réguliers avec le Maroc où nous organisons différents événements, notamment via Girleek auprès de jeunes femmes ingénieurs et entrepreneurs à Rabat et Casablanca.
Quel serait le leitmotiv de MolenGeek ?
« Il n’y a pas de fatalisme. » Il ne faut jamais baisser les bras.
http://www.molengeek.com – http://www.girleek.net