Ancienne présidente du Conseil Francophone du Notariat belge, Anne Wuilquot, 45 ans, est avant tout attachée à son étude familiale et à sa commune de Dour, là où tout le monde, ou presque, se connaît. Là où l’humain a toute sa place.
Qu’est-ce qui vous a poussée à devenir notaire ?
« Comme beaucoup « d’enfants de », je m’étais dit « Jamais je ne ferai notaire » ! J’avais aussi déclaré ensuite que je ne travaillerai jamais avec mon père, et même que je ne deviendrai jamais notaire à Dour. Pourtant j’ai fait tout le contraire. Je rêvais de devenir journaliste sportive. Mes parents, intelligemment, m’ont proposé de suivre mes années de candidature en droit et on verrait pour le journalisme. Tout se passait si bien que j’ai continué mes licences et poursuivi avec le notariat. Et j’aime beaucoup mon métier, c’est vraiment mon truc. J’aime mes clients, mon équipe, ma commune. Je me sens à ma place. »
Qu’est-ce que ce métier vous a appris sur vous-même ?
« Bien des choses. Que j’avais plus d’empathie que je ne le pensais. Je me suis découverte très attentive aux autres. J’ai toujours vu mes parents, dans notre étude familiale, très à l’écoute des gens. Je ne m’en sentais pas capable et c’est pourtant devenu mon moteur. Rencontrer mes clients, chercher ensemble une solution, rigoler parfois, me conforte dans ce sentiment que j’ai fait le bon choix. »
Quel est le gros avantage à reprendre une étude familiale ?
« J’ai repris une maison saine, en ne devant pas réfléchir à une foule de choses déjà mises en place. Par contre, il faut arriver à se créer une identité, dans une étude où tout le monde vous connaît depuis votre naissance. Je reconnais avoir eu la chance de travailler avec mon papa pendant près de 13 ans, et ça n’a pas de prix. Il m’a appris mon métier tout en me laissant une grande liberté. J’ai repris l’étude en 2014. »
Combien êtes-vous dans l’étude ?
« J’ai 10 collègues féminines et un notaire associé. L’équipe comprend une comptable, des assistantes administratives à l’accueil, certaines collaboratrices se sont spécialisées dans l’immobilier, d’autres dans les successions… Sans oublier ma maman qui vient encore en électron libre, l’étude se situant dans notre maison. Moi, mon dada, ce sont les affaires familiales : les contrats de mariage, les testaments, les discussions autour de la table pour éviter les disputes… J’aime aider les gens. Alors oui, mon étude se situe dans une petite ville de province et je pense sincèrement que c’est différent d’une grande cité pour avoir travaillé quelques années à Bruxelles. Le lien avec les clients est très fort, ils reviennent vers vous pour la moindre question, n’hésitent jamais à pousser la porte. Il y a des jours où il y a tellement de monde dans l’étude que nous l’appelons « le marché de Boussu » ! »
Quel est l’aspect le plus exaltant de votre métier ?
« Arriver au bout d’un dossier. Et voir grandir et accompagner les clients. On en suit un grand nombre à différentes étapes de leur vie, les bons moments comme les plus tristes. Trouver la bonne réponse correspondant à un client, dans une certaine situation, est très enthousiasmant. Il suffit parfois d’une virgule ou d’un paragraphe différent, d’un coup de téléphone, pour mettre au point une solution qui le satisfait au mieux. Tous les clients ne sont pas faits pour des solutions formatées, il faut s’adapter. Du coup, mes recherches font appel au droit, dans ses côtés juridiques et techniques, tout en touchant à l’humain. »
Et le plus difficile à gérer ?
« Sans doute ses propres émotions. Il est bien sûr compliqué de gérer une structure comme la mienne, des clients exigeants, mais je suis très bien secondée. Quand on se retrouve confronté à des personnes qui vivent des événements compliqués, il faut arriver à faire la part des choses pour ne pas se précipiter et rester très objectif. Dans les dossiers judicaires, il n’est plus question d’empathie, c’est le droit qui prévaut. Certaines décisions sont parfois délicates à prendre. »
Quels conseils donner à un jeune notaire ?
« Aimer les gens. Ils vous le rendent, beaucoup. Et arrêter d’écouter les idées reçues ; le notariat est un métier archaïque, poussiéreux… Pas du tout, il y a moyen de vivre une vie de notaire de façon très moderne, aujourd’hui plus que jamais. On va toujours avoir besoin de contact humain et de raisonnement, même à l’heure de la technologie et d’Internet. »
Comment vous ressourcez-vous ?
« Je regarde beaucoup de sport à la TV, évidemment ! Surtout le foot. J’ai adoré suivre la Coupe du Monde, elle nous a apporté tant de joie. Cette ferveur nous a donné plein d’énergie. Sinon, je lis beaucoup. Et je vis dans une belle région. Je me promène dans la nature avec mon chien.»
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