Clément Manuel “J’ai toujours voulu devenir comédien et laisser une trace”

C A R T E D ’ I D E N T I T É

Ce garçon du Sud de la France a décidé très tôt de devenir comédien. Cap sur Bruxelles et son Conservatoire dont il sort diplômé en 2004. Il ne quittera plus notre capitale. Aujourd’hui, à 36 ans, marié à la productrice Annabella Nezri, papa d’Oscar 3 ans et demi et d’Ava, 5 mois, il poursuit une très belle carrière à la télévision et au cinéma. Les téléspectateurs ont craqué par millions pour plusieurs de ses séries : « À tort ou à raison », « Falco, « Ainsi soient-ils », « Le Tueur du lac »… En 2016, le public belge, puis européen, le découvre, impressionnant dans « Ennemi Public », dans le rôle de frère Lucas, et attend avec impatience la saison 2 qui vient d’être tournée. Mais Clément Manuel est aussi à l’aise dans la comédie, il l’a prouvé avec « Faut pas lui dire », romance drôle et délicieuse de Solange Cicurel. Sans oublier l’irrésistible Websérie « 5e étage » écrite par Kris Debusscher avec, entre autres, Thierry De Coster, créée pour la Fédération royale du Notariat belge.

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Que souhaitez-vous transmettre à vos proches ? Quelle trace voulez-vous laisser? Quelles sont les valeurs qui vous habitent et vous semblent essentielles pour les générations futures ? Nota Bene a demandé à Clément Manuel de se dévoiler un peu en pointant ce qui est cher à son coeur.

“Mes parents m’ont appris la liberté. Et un artiste s’autorise à être libre”

Il nous reçoit chez lui, dans son joli appartement bruxellois aux couleurs claires. Partout des photos, des objets, des souvenirs… et des jouets. Normal quand on est papa de 2 jeunes enfants. D’ailleurs, la petite Ava pose de grands yeux étonnés sur ces nouveaux venus qui débarquent dans son salon. Clément Manuel est un jeune homme curieux de tout et à l’écoute des autres. La transmission est au cœur de sa vie : transmettre au public sa passion du jeu, à ses enfants l’envie de poursuivre leurs rêves. Si le comédien a conquis le coeur des Belges, la Belgique a définitivement séduit le Français qui s’y sent heureux et libre.

Comment avez-vous vécu cette saison 2 de « Ennemi Public » et les retrouvailles avec votre personnage ?

C’est très agréable de participer à sa construction avec les auteurs et le réalisateur, mon personnage évolue en fonction de ce que je peux lui apporter. J’ai toujours voulu devenir comédien et laisser une trace.
Longtemps, j’ai eu le sentiment que me glisser dans la peau d’un autre était plus intéressant que ma propre vie. Bien sûr, les choses ont évolué, je suis très content aujourd’hui de  ma famille, de mes amis et de mon métier. Le film qui m’a marqué plus jeune est « Jean de Florette », j’ai été bluffé par la performance d’Yves Montand. Mais je suis un enfant des années 80 : j’ai évidemment adoré « Star Wars » et « Retour vers le futur ». Le cinéma est sans limites.

Vous avez tous une fibre artistique très développée dans la famille. Auriez-vous pu choisir autre chose que le cinéma ?

Je fais un peu de musique mais beaucoup moins bien que mes 3 frères et que ma petite soeur. Je me suis mis à la guitare récemment. J’ai toujours voulu faire du piano, ma famille s’était cotisée pour m’en offrir un pour mes 25 ans. Il m’a suivi ici dans ma maison mais le manque de temps m’empêche de progresser comme il le faudrait. La créativité a toujours occupé une grande place chez nous, mon père est photographe, ma mère psychologue. Gamin, je confectionnais mes cadeaux moi-même. Je peins, ainsi que mon grand frère qui écrit aussi des poèmes. Ma soeur de 16 ans écrit merveilleusement et poursuit des études littéraires. J’espère transmettre à mes enfants cette envie de créer et je m’y attelle dès maintenant. Oscar a une batterie, pour notre plus grand désarroi ! Tous les WE, quand il ne fait pas beau, ce qui arrive régulièrement en Belgique, je l’emmène voir des expos. On n’est jamais trop petit pour se confronter à l’art. Grâce à mon père, on est tous fans des Variations Goldberg de Bach mais chacun de nous a son enregistrement préféré ! On adore tous James Bond, le peintre Fernand Léger… L’art est un outil de partage formidable.

Qu’est-ce que vos parents vous ont transmis de plus précieux ?

Le sens de la famille. Dès la naissance de mon fils, je savais que je voulais d’autres enfants. Quand j’étais gamin, je ne pensais qu’à une chose : grandir ! J’ai été un enfant heureux avec mes proches mais j’avais du mal avec l’école, chaque seconde durait une heure. Ma vie a commencé quand j’ai quitté la maison pour voyager puis arriver en Belgique au Conservatoire. J’ai attendu 19 ans pour faire vraiment ce que je voulais. Mais mes parents m’ont toujours soutenu. Je pense qu’ils m’ont appris la liberté. Et un artiste s’autorise à être libre. La liberté d’assumer ses choix. Je me suis marié libre car j’ai choisi de me lier à mon épouse.

Quel enfant étiez-vous ?

Je collectionnais énormément de choses, ça fait beaucoup rire ma femme et mes amis. La plus grande collection, heureusement éphémère, entreprise a été celle des… prospectus ! Et Oscar fait la même chose, il garde les cartes publicitaires, il a des caisses remplies. J’ai un petit kot au grenier avec un brol pas possible. J’ai aussi eu très tôt ce besoin d’être avec les autres, de partager. J’ai fait de l’escrime pendant longtemps, j’ai gagné quelques compétitions mais, à bien y ré -fléchir, ce que j’aime  ce sont les sports d’équipe.

« Pour bien faire mon métier, j’ai besoin de prendre du recul, de passer par un « temps de rien ».

Comment vous ressourcez-vous ?

Pour bien faire mon métier, j’ai besoin de prendre du recul, de chercher, de rester avec mes enfants, de passer par un « temps de rien ». Ma femme étant productrice, nous avons aussi des projets en commun qui ne me sollicitent pas en tant qu’acteur. Mais mon truc à moi c’est de jouer. Annabella est une super gestionnaire, moi je suis plus tête-en-l’air, j’oublie tout, j’ai un côté un peu lunaire.

Quels sont les mots qui vous viennent à l’esprit pour décrire votre cellule familiale ?

Protection. Cocon. Liberté.

La Belgique vous a-t-elle permis d’être plus libre ?

Indéniablement. La preuve : l’un de mes frères vient de s’installer à Bruxelles. Mes parents ont du mal à comprendre pourquoi je fuyais le soleil. Mais ici, je suis moins exposé. J’ai le sentiment d’être en mouvement dans une ville où on parle plein de langues différentes et où les gens se montrent bienveillants.

5 Objets coups de coeur

La photo

Mon épouse et moi l’avons achetée il y a plusieurs années au Marché aux Puces. Je ne sais pas du tout qui est cette personne ! Cette photo a été prise en 1954. Il fut un temps où le cadre était brillant, où cet homme élégant, avec son cigare, en imposait. J’adore le fait qu’il soit figé à jamais dans cette attitude alors que le cadre est aujourd’hui usé. J’aime son regard énigmatique, je trouve cette photo empreinte de mystère. Si j’aime autant le cinéma c’est sans doute que j’ai envie, moi aussi, de laisser mon  empreinte. Cette photo me rappelle que la vie est éphémère.

L’étude de la main de Rodin

Mes parents nous ont toujours incité à nous ouvrir aux arts. Mon père photographe adore Rodin, il a fait de nombreuses photos de ses oeuvres. Ils me l’ont offerte quand j’ai eu mon bac. Plutôt que de recevoir une voiture ou un scooter comme mes copains, j’ai trouvé génial que mes parents pensent à ce cadeau symbolique. Cet objet parle d’émotion et de technique. Comme ce que j’exprime au cinéma.

La petite voiture

Mon grand-frère aimait les Ferrari, moi c’était les Porsche ! J’ai toujours eu une passion pour cette voiture, enfant je rêvais d’en avoir une. Aujourd’hui, ce n’est plus ma priorité. L’idée est juste qu’il est bon d’avoir des rêves, même inaccessibles. J’ai ressorti des vieux jouets que j’avais gardés précieusement, comme mes petites voitures, et je les ai donnés à mon fils. Dans la rue, il se met à s’exclamer quand il voit une Porsche, ce qui rend dingue ma femme ! Le chat chinois porte-bonheur

Il y a quelques années, nous sommes partis pendant 3 mois faire un tour de l’Asie du Sud-Est. Cette bricole signifie beaucoup de choses : elle me fait penser à ma femme, à notre voyage, à cette période où on avait besoin de rien, juste d’être ensemble.

Le téléphone

L’objet le plus important de la série car il me vient de mes grands-parents qui en faisaient collection. Il est magnifique. Quand ils ont déménagé de Lyon à Marseille, suivant de près mes parents, ils me l’ont offert. Il y a même un mode d’emploi dessus « Mettre l’appareil à l’oreille, attendre le bourdonnement pour envoyer le numéro… » Quelle différence avec un téléphone portable auquel on accorde trop d’importance, j’ai toujours l’impression qu’il est greffé au bout de ma main.

Websérie « 5e étage » à voir ou revoir sur www.notaire.be

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