Pourquoi un divorce par consentement mutuel est différent pour chacun

5 histoires de divorce

L’amour s’en est allé, votre relation est terminée… mais le divorce doit malgré tout
encore être réglé. S’agira-t-il d’un divorce par consentement mutuel ou devrez-vous
aller au tribunal ? La plupart des gens privilégient un divorce par consentement mutuel, ou à l’amiable, tout simplement parce que la procédure s’avère plus rapide et moins coûteuse.  Mais qu’en est-il réellement ?

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Eric, Anton, Suzanne, Christian et Ellen ont, tous les cinq, divorcé par consentement mutuel. Pourtant, leurs histoires sont toutes différentes. Comment ont-ils vécu la procédure, que feraient-ils autrement aujourd’hui et que referaient-ils exactement de la même manière ?

ERIC, 48 ANS
« Recourir à un médiateur nous aurait peut-être permis d’éviter un divorce aussi difficile»

« Un divorce commence, selon moi, de la même manière dans tous les couples : nous sommes deux adultes convaincus de pouvoir gérer ça. C’est aussi ce que je pensais », explique Eric, 48 ans. Mais la réalité s’est avérée tout autre. « J’avais tort. J’ai sous-estimé l’influence que l’entourage peut avoir sur votre ex une fois que vous êtes séparés. Ma femme et moi avons été ensemble pendant plus de 15 ans et avions une fille de 9 ans mais nous n’étions mariés que depuis un an lorsque nous nous sommes séparés.
J’avais une affaire qui marchait bien, j’y consacrais beaucoup de temps et je n’avais pas compris que ma femme ne voulait plus de notre relation depuis longtemps.
Après coup, je me demande même si elle ne s’est pas mariée avec moi pour tirer profit d’un divorce. Si tel est le cas, elle aura fait erreur : la pension alimentaire a été calculée sur le nombre d’années de mariage et non le nombre d’années passées ensemble.
J’ai l’impression que notre rupture a eu lieu du jour au lendemain. Mon ex m’a annoncé sans détour qu’elle me quittait et allait habiter chez sa mère avec notre fille.
“Je ne t’aime plus”, m’a-t-elle dit. Ce n’est qu’à ce moment-là que j’ai réalisé que c’était effectivement le cas. En dehors de notre fille, nous n’avions plus rien en commun.
C’était un vendredi soir et le lendemain matin, elle partait. Elle avait déjà fait ses valises. Le dimanche soir, nous nous sommes vus pour rédiger les conventions de notre divorce par consentement mutuel. Entre temps, je m’étais un peu renseigné sur Internet quant aux conventions normales et acceptables – du moins c’est ce que je pensais. Je lui rachèterais la moitié de la valeur estimée de notre maison, nous nous partagerions les meubles et je m’étais renseigné pour connaître le montant d’une contribution alimentaire raisonnable pour notre fille. J’aurais préféré opter pour la garde alternée mais ce n’était pas compatible avec mon travail. J’avais donc demandé à avoir ma fille le week-end et la moitié des vacances scolaires. Ma femme a parcouru cette proposition et m’a dit qu’elle devait y réfléchir. Ce que je comprenais : décider à la légère n’est jamais une bonne idée. Cette réflexion lui a pris plus de 4 mois durant lesquels sa mère et une amie l’ont convaincue que j’étais un bon à rien, qu’elle avait droit à plus, au moins la moitié de mon salaire pour conserver son train de vie… Elle a suivi leurs conseils et a décidé de vider nos comptes et la maison, ce qui n’a pas aidé à calmer la situation.
Après coup, je pense que ça se serait mieux passé si nous avions tout de suite fait appel à un médiateur. C’est un conseil que je donnerais à tout le monde. De cette manière, il est clairement établi pour les deux parties ce qui est juste ou non, ce qui est possible sur le plan juridique ou non. Pour nous, cela s’est soldé par une bataille au tribunal.
Ça n’aurait pas dû arriver. À cause de ce divorce,  je n’ai pas vu ma fille pendant plus d’un an, ce qui a été le plus difficile à vivre. Et le plus désolant. »

ANTON, 54 ANS
« Pour mon ex, notre mariage n’est pas encore fini »

Anton se rend compte aujourd’hui que l’aspect juridique d’un divorce n’est pas le seul élément important : l’aspect émotionnel l’est tout autant. « Après plus de 20 ans de mariage, j’ai quitté mon épouse. J’étais tombé amoureux d’une autre. Une histoire qui n’a pas abouti mais m’a permis de comprendre que c’était fini entre ma femme et moi.
Nous avions alors 2 enfants de 16 et 18 ans. Mon ex et moi sommes allés ensemble chez le notaire, nous avons conclu des accords concernant les enfants et la maison
– elle voulait continuer à y vivre tant que les enfants n’avaient pas pris leur indépendance – et j’ai assumé mes responsabilités en matière de pension alimentaire.
J’ai cru que tout était réglé. Aujourd’hui, je suis depuis près de 2 ans avec ma compagne actuelle mais mon ex-femme continue à me solliciter pour des questions à propos de “notre” maison, des conventions qui doivent être fixées au sujet de “nos enfants” – qui ont aujourd’hui tous deux plus de 20 ans et sont donc majeurs…
Le jour de l’anniversaire de ma fille, elle m’a même envoyé un SMS pour me remercier pour “le plus beau des cadeaux, ces enfants  qui nous lieront à vie…”
Pour elle, ce mariage n’est clairement pas terminé. Elle n’a pas assimilé le divorce et passe par différentes phases : le déni, l’apitoiement, la colère, les négociations…
Elle m’appelle pour l’aider, la réconforter. Toutes les raisons sont bonnes pour rétablir le contact. J’ai beau essayer de lui faire comprendre clairement que c’est terminé, rien n’y fait. Pour me garder lié à elle, elle utilise même les conventions de notre divorce, qui me paraissaient correctes à l’époque. Nous avions notamment convenu que je paierais les études des enfants et que, tant qu’ils seraient à l’école, je verserais aussi une pension alimentaire à mon ex-femme. Mon fils a déjà suivi trois fois une première année d’études et se trouve en ce moment à l’étranger pour une année sabbatique. Pendant ce temps, je dois continuer à payer une pension alimentaire alors qu’il a presque 23 ans. Ce n’était pas le but et je ne trouve pas cela correct mais c’est ce qui a été décidé.
Je comprends aujourd’hui que nous aurions eu besoin de plus d’aide pour notre divorce, afin de tout tirer au clair, tant sur le plan émotionnel que financier. Si c’était à
refaire, je m’adresserais directement à un bon médiateur. Les choses auraient été plus précises pour nous deux. »

SUZANNE, 40 ANS
« Nous nous aimions encore mais plus comme un couple »

Suzanne, compagne actuelle d’Anton, comprend ce qu’il veut dire. Elle aussi a divorcé auparavant par consentement mutuel. « Nous étions mariés depuis 6 ans. Après
coup, je ne peux pas dire précisément à quel moment ça a dérapé mais notre relation était sur la mauvaise voie, nous nous disputions de plus en plus souvent. Lors
d’une dispute, il a crié : “Je m’en vais !” Il a rassemblé ses affaires et est parti. Cette dispute a été la raison, ou le point de départ, de notre séparation. Je venais d’avoir
30 ans et me suis demandé : «C’est ça ma vie ?» Je me rends compte aujourd’hui que nous avions des attentes différentes. Le plus étrange, c’est qu’à partir de cet instant, nos disputes ont cessé. Nous nous aimions toujours mais plus comme un couple. Nous avons ensuite consulté un professionnel, quelqu’un de mon cercle d’amis avec qui mon ex-mari s’entendait bien également. Il nous a donné de très bons conseils, tant sur le plan juridique qu’émotionnel. Je pense que le fait que nous n’avions pas d’enfant a beaucoup facilité les choses. Nous n’avions plus de raisons de nous voir au  quotidien.
Grâce à la médiation, notre divorce n’a pas été réglé “sur le fil du rasoir”, même si ses parents ont très mal réagi, estimant qu’on devait avoir un second avis quant
aux conventions du divorce de leur fils. Je n’ai ensuite plus jamais entendu parler d’eux. Mes parents ont quant à eux remercié mon ex-mari pour les belles années que nous avions passées ensemble. J’ai trouvé ça bien. D’autant que nous sommes parvenus à régler ce divorce sans conflit. »

CHRISTIAN, 33 ANS
« Je n’ai pas eu un mariage de rêve mais bien un divorce de rêve »

« Nous étions mariés depuis près de 3 ans lorsque ma femme est tombée enceinte. Mais pas de moi, de son amant. Quand elle me l’a annoncé, je n’avais plus la force de me mettre en colère. Pour moi, c’était très clair : c’était fini entre nous. Avec cet enfant, elle avait choisi son amant. Nous avons immédiatement opté pour un divorce par consentement mutuel : c’était la procédure la plus rapide et la plus simple. J’étais sûr d’une chose : l’enfant qu’elle portait n’était pas de moi, je ne voulais donc pas en être le père ni le reconnaître. Nous avons pu rédiger rapidement un compromis, nous sommes allés chez le notaire et nous avons divorcé. Sans dispute ni reproche. Pourquoi ce divorce ne s’est pas transformé en bataille juridique ? Parce que je pense que nous avons – tous les deux – dès le départ pensé à l’intérêt de l’enfant. Il n’avait pas à être pris en otage. Je suppose que cet état d›esprit a permis d’éviter que ce divorce ne devienne une lutte acharnée entre les intérêts de mon ex-femme et les miens. Je suis content que le divorce par consentement mutuel existe. Nous avons ainsi pu mettre un terme à notre relation “proprement”. »

ELLEN, 41 ANS
« J’aurais aimé que ça aille encore plus vite »

Ellen a aussi opté pour un divorce par consentement mutuel, la procédure la plus rapide. « J’avais appris que mon mari me trompait. Nous nous étions mariés lorsque j’avais 30 ans. Dès le début de notre relation, je lui avais clairement dit que je voulais des enfants. Il “devait encore y réfléchir”, et, à mes 35 ans, nous avons décidé d’essayer. C’est à ce moment-là qu’il a entamé une liaison avec une autre femme. Lorsque je l’ai confronté à son infidélité, il m’a avoué qu’il ne voulait pas d’enfant mais avait voulu combler mon désir. Pour moi, c’était une trahison inimaginable, je ne pouvais plus lui faire confiance.
Il m’a demandé un temps de réflexion mais ma décision était prise : je ne voulais plus le voir. J’étais déterminée. En ce qui me concerne, le volet sentimental de notre relation était clos, il ne restait plus qu’à gérer les aspects juridiques et financiers.
Je me suis chargée de rédiger des conventions sur papier et je les lui ai soumises, en lui demandant de m’accompagner chez le notaire. Comme nous avions un contrat de mariage, la séparation des biens a été assez simple. Nous n’avions en fait plus qu’à nous partager les meubles. Nous avons comparu deux fois devant le juge et, moins
de 8 mois après, nous étions divorcés. J’aurais aimé que ça aille encore plus vite, cette deuxième comparution au tribunal n’était d’ailleurs même pas nécessaire, même si
je suis bien entendu contente qu’un divorce par consentement mutuel soit désormais possible. »

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