Yves et Sophie, 52 ans tous les deux, ne se sont jamais mariés. Ils n’en ont jamais saisi l’utilité, il faut dire qu’ils n’ont jamais eu de biens importants en commun.
« Comme nous ne partagions pas le même attrait pour la propriété, nous n’avons pas pu nous accorder sur l’achat d’une maison. Aujourd’hui, nous ne vivons plus sous le même toit mais nous formons toujours un couple. » Une union libre dans sa plus belle expression.
«Quand nous avons décidé de vivre ensemble, le mariage n’a jamais été une option. Sophie louait un appartement à Ixelles à son nom. Nous n’envisagions pas l’achat d’un bien en commun et on ne voyait pas ce que ce papier pouvait nous apporter. Nous n’avions pas de bien à protéger » explique Yves. Le mariage, avec sa grande réception et ses listes de cadeaux, était perçu comme des frais inutiles. « On ne voulait pas non plus mettre nos parents à contribution. » ajoute Sophie. « J’ai été marquée par la tournée des petits voisins après la communion qui exhibaient fièrement tous les cadeaux acquis comme si cela avait été la seule motivation de la cérémonie.
Quelques années après, on a bien envisagé de faire une sorte de fête où on aurait demandé aux invités de ressortir un costume de mariage, emprunté ou porté, mais on ne l’a pas fait, ce qui ne nous a pas empêché de faire d’autres fêtes. Et puis on ne ressentait pas le besoin de l’assentiment d’un agent de l’état civil pour se prouver notre amour ou notre engagement. Avec les enfants, la question s’est posée mais la nécessité du mariage ne s’est toujours pas imposée. Comme ils bénéficiaient, de toute façon, du nom de leur père, on ne voyait pas ce que le mariage leur donnerait de plus. »
“C’était important pour elle d’acheter pour avoir un bien à transmettre.”
La famille s’est ensuite installée dans un logement social, une charmante maison trois façades à Woluwe-Saint-Lambert. « Avec le temps, l’idée et l’envie d’acheter un bien ensemble s’est manifestée mais nous ne partagions pas les même priorités ni la même culture familiale. » reprend Yves. « Sophie venait d’une famille qui a acheté et construit tandis que moi, j’ai grandi dans une famille qui déménageait tout le temps. Acheter une maison était pour moi une source de tracas à long terme. Je préférais consacrer nos économies à faire un beau voyage plutôt qu’à refaire un toit ou une salle de bain. Deux biens se sont présentés à nous. Une maison au prix intéressant qui cachait d’importants travaux complémentaires et une autre, charmante, mais située en plein survol des avions. L’un avait plutôt les faveurs de Sophie, l’autre les miennes, les inconvénients l’ont emporté et rien ne s’est concrétisé. Ce fut une grande pomme de discorde entre nous, je n’avais pas saisi à l’époque la valeur qu’elle accordait au fait de posséder les murs où elle vivait. C’était important pour elle d’acheter pour avoir un bien à transmettre. »
Après 25 ans de vie commune, Yves et Sophie ont décidé de ne plus vivre sous le même toit pour préserver leur couple et leur famille. « On conservait chacun notre espace vital et on pouvait mener une vie de couple choisie en n’en gardant que les bons côtés. » glisse Sophie. L’ironie de la vie a fait que ce soit Yves, le moins demandeur, qui devienne propriétaire d’un appartement. « Il est situé dans un immeuble en copropriété. Sophie, pour sa part, n’a encore rien acheté.
« Pour la plupart des grandes étapes de la vie, l’intervention d’un notaire s’avère nécessaire. Mais les formalités et frais administratifs peuvent être dissuasifs, il me semble donc important de savoir ce qu’ils couvrent exactement. Quant à un éventuel achat de maison, je l’imagine bien en viager en habitant avec la propriétaire. Il existe de nombreuses personnes âgées qui vivent seules dans une grande maison et auraient ainsi la possibilité de rester à domicile avec une assistance et de la compagnie. »
Texte : Gilles Bechet
Photo : Jan Crab